La truffe est un organe très exposé au soleil, au froid et à l’action desséchante de l’air. Comme elle joue un triple rôle dans le toucher, le goût et le flair, elle doit toujours rester souple et bien humide.

A peine né le chiot utilise son nez pour trouver la tétine de sa mère. Il fait bien sûr marcher son odorat mais c’est la sensibilité de la peau de la truffe qui lui permet d’identifier cette tétine (goût, forme, odeur) dés qu’il est en contact avec elle.
Plus âgé, c’est toujours grâce à ce nez que le chiot découvre le monde et il le met partout !
Adolescent et pubère, il s’en servira pour repérer et conquérir une femelle.

Pourquoi est-elle toujours humide ?

Il s’agit en fait d’un double phénomène de condensation et d’évaporation : la température interne du corps (moyenne 38.5°) est le plus souvent supérieure à la température extérieure. Cela donne donc le même phénomène que lorsque nous roulons en voiture et qu’il fait froid dehors : le pare brise se couvre de buée parce qu’il est lui-même froid et placé entre deux zones de températures différentes.

La truffe est riche en glandes sudoripares qui sécrètent de la sueur qui en se condensant à la surface puis en s’évaporant, rafraîchit la dite truffe. Au contraire, lorsque le chien dort la truffe entre les pattes ou au soleil, celle-ci se dessèche : pendant le sommeil celle-ci s’est réchauffée, la paroi n’étant plus froide, l’évaporation l’a emporté sur la condensation. Réveillé, il ira boire et la truffe retrouvera fraîcheur et humidité.

Tant qu’elle est humide, la truffe sert aussi de sonde pour apprécier la température extérieure : lorsqu’il se met le nez au vent, le chien éprouve sans doute la même sensation de fraîcheur que celle qui consisterait pour nous à mouiller notre doigt, à le mettre en l’air afin de déterminer la direction du vent.

La pigmentation de la truffe peut varier du noir charbon au chocolat au lait en passant par diverses nuances.

Alors qu’est ce que le ladre ?

C’est un phénomène de non pigmentation qui peut évoluer dans le temps. Il peut être héréditaire ou consécutif à des cicatrices accidentelles.

Le ladre doit être différencié de la décoloration partielle ou totale. Dans ce cas on ne parle plus de taches mais de dépigmentation progressive qui peut envahir la totalité ou simplement l’extrémité de l’organe. Phénomène réversible, il est lié à l’équilibre hormonal. Il peut être très fréquent chez la chienne et apparaître régulièrement à certaines époques de son cycle.
Par exemple, la présence de kystes ovariens peut induire cette sorte de phénomène avec perturbation du cycle.

« Mon chien à la goutte au nez ! »

Tous peuvent avoir ce symptôme révélateur de rhinites d’origines diverses :
- allergiques (parfums, peintures, produits chimiques volatiles…)
- premiers signes d’une atteinte virale comparable à un rhume.


La sensibilité olfactive du chien est moléculaire et infiniment plus précise et développée que celle de l’homme.
Un exemple ? Il a été déterminé que le chien peut détecter les acides gras volatiles ( graisse animale ; sécrétions sudoripares des aisselles, du cou ou des mains…) à la concentration de 9000 molécules/cm3 d’air ; soit une concentration 1 million de fois plus faible que celle à laquelle nous les percevons nous ! Autant vous dire que lorsque vous avez des sueurs froides dans le dos ou les mains moites, le chien le sait et c’est ainsi qu’il détecte votre peur éventuelle.

Pour posséder la pleine maîtrise de la sensibilité de cet organe, il faut que la truffe soit en pleine santé. Une truffe desséchée ne facilitera pas la tâche d’un chien limier. Un temps sec et chaud est moins favorable au pistage ; tout comme le vent, la pluie, la poussière, la neige fraîche effacent les traces. Le meilleur pistage se fera par un temps frais et légèrement humide qui exaltera les odeurs et qui gardera la muqueuse olfactive et la truffe souples.
Mais le nez peut aussi couler pour des raisons purement anatomiques chez les chiens à museau court (bouledogue, carlin, pékinois…) : les fosses nasales sont chargées de récupérer les larmes par les canaux lacrymaux qui débouchent dans les narines. Le flux d’air en passant sur cet écoulement se charge d’humidité entretenant du même coup celle de la muqueuse olfactive. L’étroitesse des voies nasales et la conformation des narines de ces races, ne permet plus la récupération de cet écoulement qui fuit à l’extérieur : le chien se lèche sans arrêt le nez !

Problèmes de nez :

• toute apparition d’une corne dure, fendillée à bords irréguliers sur la truffe et les coussinets des doigts sont les symptômes de la forme cutanée de la maladie de Carré ou d’une anomalie héréditaire de la kératinisation ou encore d’une carence en zinc dont souffrent souvent les chiens du Grand Nord. D’une manière générale tous les troubles chroniques du métabolisme de la peau peuvent dans le temps entraîner une kératinisation de la truffe. Le dessèchement de celle-ci est donc un signe utile et précoce à connaître.
• Il existe aussi les maladies du système immunitaire (appelées aussi auto-immunes) qui se manifestent le plus souvent par une atteinte de la peau. Ce sont les signes d’un trouble profond du système immunitaire contre les constituants propres de l’organisme.

Les deux cas les plus « courants » :

1. les lupus : atteinte de la peau de la face du chien lui donnant un masque de loup
d’où le nom. Cela commence par un début de pigmentation de la truffe ; apparaissent ensuite des rougeurs, des ulcères et des croûtes.

2. les pemphigus : ici apparaissent dans l’épaisseur de l’épiderme des bulles ou des vésicules. Cela aboutit à des ulcères superficiels et des croûtes. Si ces lésions débutent souvent à la face (truffe, museau, angles internes des yeux…), elles peuvent aussi envahir tout le corps.

Personnellement, j’ai vu un chien Collie, la truffe dépigmentée et couverte de croûtes pendant des mois jusqu’à ce qu’on trouve la vraie cause : il était allergique au plastique de sa gamelle !!!

La truffe de notre compagnon est donc révélatrice de sa santé, de son équilibre. Elle intervient en outre, dans sa vie relationnelle : elle est le moyen de détecter toutes les odeurs lui permettant de réguler ses comportements de communication, de reproduction, d’alimentation.